21 avril 2012

Emission Le Grand Rendez Vous...


Le vendredi 13 avril 2012, TNF était invitée de l'émission LE GRAND RENDEZ VOUS, sur la 2STV.









BONNE LECTURE : Journal d'une épouse en détresse

Le texte ci dessous est extrait d'une nouvelle écrite par une jeune sénégalaise de mes connaissances, vivant aux Etats Unis, passionnée de littérature. Vous pouvez la suivre à travers son blog (http://negritta.seneweb.com/journal-d-une-epouse-en-detresse_b_2.html). Bonne lecture.

"Le doute n'est plus permis. Je n’ai d'autre choix que de me rendre à l'évidence. J’ai à présent la certitude de ce que mon cœur s'est évertué à nier. Mon mari me trompe.

A trente-six ans, je suis à la fleur de ma beauté. Loin de me flétrir, la maternité m'a épanouie, transformant mon corps menu de jeune fille en celui d'une magnifique Vénus sculpturale. Combien de fois n'ai-je surpris, au détour d'une rue le regard insistant d'un homme subjugué par ma grâce ensorcelante. Ces regards qui par le passé m'ont souvent rebutée par leur concupiscence, sont devenus pour moi le seul miroir où je me convaincs encore que je suis une femme. Je me surprends même à les vouloir, à les espérer, à les guetter.

Mon mari ne s'intéresse plus à moi. A force de toujours déguster le même plat, même raffiné, Madior a fini par se lasser, pour aller brouter les miasmes fétides et putrides des immondices abjectes et infectes. Il s'est lassé de la vertueuse épouse dévouée que je suis demeurée. Les enivrants effluves de mon encens ne le font plus s'extasier de plaisir lorsqu'il pénètre dans notre chambre à coucher le soir. Il ne répond plus que distraitement et machinalement à mes élans de tendresse et semble ne même pas s'apercevoir des efforts que je déploie pour attirer son attention. Ah! Il est déjà loin, le temps de nos débats à bâtons rompus. Il est loin, le temps où nous plaisantions et riions de tout et de rien, loin, le temps de notre proximité, notre complicité, nos jeux amoureux...S'étant trouvé une nouvelle princesse, Madior n'est assurément plus le prévenant chevalier servant qui me séduisit, ce prince charmant qui m'épousa puis m'initia aux délices des sens. Je n'ai plus le sentiment d'être une femme mariée, depuis une éternité... Madior rentre toujours tard le soir, touche rarement à son repas et s'endort comme une souche, ronflant sans vergogne, en me tournant ostensiblement le dos.

En dépit de cette profonde frustration, j'ai pris le parti de fermer les yeux, de me boucher les oreilles, d'être muette comme une tombe. J'ai choisi de prendre mon mal en patience, dignement, avec le secret espoir qu'un jour cette odyssée prendra fin, que cet Ulysse volage reviendra naturellement repenti dans les bras de sa Pénélope, que le marin frivole finira par jeter l'ancre et rentrer au port, que Madior finira par me revenir. Malgré l'indifférence dont je souffre en silence le martyre, je suis restée égale à moi-même. Mieux, je n'ai jamais été aussi dévouée envers celui avec qui j'ai partagé une intimité que je ne souhaite partager avec nul autre homme, le pere de mes enfants. Je lui cire toujours ses chaussures, je lave et repasse toujours personnellement son linge...

Ce matin, jour de mon repos hebdomadaire, je me prépare à ma traditionnelle journée de lessive. Ayant sorti tout le linge sale de mon mari, je commence à en vider toutes les poches, dans le dessein d'en extraire tout objet qui ne survivrait pas à l'immersion, papier, billet de banque, mouchoir de poche, etc. En introduisant la main dans la poche d'un énième pantalon, je sens un objet dont la structure et la texture font qu'il ne peut s'agir d'un mouchoir. Tétanisée, je me vois brandir une incongruité géométrique en dentelle rouge: du linge de corps, du linge de femme. J'étouffe un hurlement d'horreur et manque de rendre mon petit-déjeuner tellement mon dégoût est grand. Il me semble que la voûte céleste s'est abattue sur mes épaules, je me sens soudain très lasse, j'ai le vertige. Des larmes commencent à m'aveugler tandis que je m'entends sangloter comme une petite fille. Je m'affale lourdement sur le bord du lit, tenant toujours dans mes mains tremblantes la pièce à conviction, la preuve irréfutable de la légèreté de mon homme. Que dis-je? Est-il encore mien?

Je me mets à examiner l'objet sous toutes ses coutures, comme pour ainsi identifier ma rivale. Je ne peux m'empêcher de trouver cette dentelle trop bon marché et ce rouge vif de mauvais goût. Tel un Hercule déchu, Madior a fini par se prélasser dans les écuries d'Augias; il est tombé bien bas! Mais quelle perfide intrigante, cette perverse qui a résolu de  faire voler mon ménage en éclats! Elle s'y prend malheureusement très bien, du reste. Blessée, dégoûtée, je me laisse choir comme une masse au pied du lit. J'ignore à quel moment Morphée m'a prise dans ses bras salvateurs. Je constate simplement en me réveillant que j'ai dû dormir plusieurs heures. Mon regard se pose inexorablement sur la maudite pièce de lingerie, ce que désormais j'appelle la pièce à conviction, qui me nargue effrontément. J'ai envie de m'en saisir et de le réduire en mille et un morceaux. Ce qui risque de se révéler une fastidieuse entreprise. Je décide finalement de le garder tel quel.

Ce soir, je le jetterai à la figure de cet infidèle de Madior en lui demandant si sa maîtresse est aussi vulgaire que les sous-vêtements qu'elle porte".

Par NEG RITA

Bonne et heureuse année 2021

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