19 mai 2012

Ramadan: Etat de diète et Gourmandise




On peut bien parler d’état de diète, non? Tout comme on parlerait d’état de siège ou d’état d’urgence, situations exceptionnelles que décrètent des autorités administratives dépassées de partout, signant le couvre-feu et dans la même veine, la restriction de la liberté d’aller et de venir. En état de diète, c’est sur la liberté de manger et de boire que porte la restriction  (et la comparaison s'arrête là).


Soif et faim sont les premiers mots qui viennent à l'esprit, lorsque l’on évoque le ramadan. Ce n'est pas tant que je sois une grande gourmande (en off : si quand même, très grande d'ailleurs pour être honnête, mais je me soigne), c'est simplement qu'il n'est pas aussi évident que cela de se priver de nourriture et de boisson durant toute la journée, pendant tout un mois, alors que le frigo à portée de mains regorge de bouteilles d'eau bien fraîche, ou qu'il suffit de quelques pas pour se faire le restaurant du coin; mais bon, s'il faut le faire, il faut le faire. Se faire donc une raison et y aller, pour au moins deux raisons (excusez les répétitions) :

- Primo, on est musulmane, et quand on est musulmane, le jeûne est une obligation. C'est même un des piliers de l'Islam...point à la ligne.

- Secundo, on est positive (on s'efforce de l'être en tout cas), et donc, on ne va pas se lamenter sur son sort. On va essayer de trouver les côtés positifs de la chose, car il doit y en avoir, forcément.

Forcément, Il ne nous ordonne pas cela sans raison, le Seigneur Clément et Miséricordieux, qui par ailleurs n'a aucun intérêt à imposer aux pauvres créatures innocentes que nous sommes (d'accord, pas si innocentes que ça) une privation, (provisoire), de boissons et nourritures, notamment – (Ce serait vraiment absurde) lorsque manger et boire sont des besoins primaires (vitaux) de tout être vivant…

(Une petite digression : Même si ce n'est pas l'objet de ce billet, la situation qui sévit actuellement dans la Corne de l'Afrique est préoccupante. L'urgence étant impérieuse, l'action internationale et humanitaire devraient s'élever au dessus de certaines considérations de préséance pour un secours imminent : là-bas, au-delà de l’état de diète, c’est l’état de famine. Quand certains jeûnent pour se conformer aux prescriptions religieuses, d'autres le font parce qu'ils n'ont pas le choix...).

Quand certains jeûnent pour se conformer aux prescriptions religieuses, d'autres le font parce qu'ils n'ont pas le choix…

source image: jeuneafrique.com
Fin de la digression. Dans le Coran, Il nous dit "Jeûner est un bien pour vous. Peut-être le comprendrez-vous". Cela suggère que tout ne se résume pas à la soif et à la faim. Les promesses du ramadan, véritable école de la patience et de l'endurance, sont innombrables : une crainte renforcée en Dieu, moins d’attentats à la pudeur, les portes du paradis laissées béantes quand le diable (l’ennemi juré) et ses acolytes les démons sont enchaînés, les portes de l’enfer closes, de nombreux péchés pardonnés durant ce mois, les récompenses pour bonnes actions multipliées par 70 voire plus. Par-dessus tout, la nuit du destin (laylatul khadr), qui vaut mieux que mille mois se trouve dans le mois de ramadan… et la liste n’est pas exhaustive (etc, etc). (Morte de rire j'étais, la veille du ramadan, lorsque j'ai entendu à la télé le chroniqueur religieux de service dire ceci: "Profitez-en; durant le ramadan, les bienfaits sont en promotion").

Nous demandons au Seigneur de nous compter parmi les heureux bénéficiaires de tels bienfaits. En attendant, je poursuis mes élucubrations, lesquelles me mènent à la conclusion qu'au finish, le jeûne nous aide à venir à bout de nos mauvaises habitudes, nous permettant d'acquérir une discipline dans notre comportement vis à vis de nous-même, de notre prochain et de notre Seigneur, et d'adopter un minimum d'hygiène alimentaire (ce qui est "tout bénéf" pour notre santé et notre tranquillité d'esprit).

Je sais, les habitudes ont la vie dure, seconde nature oblige, et ce ne sont pas les inconditionnels du café, des trois normaux, et autres adeptes du grignotage qui diront le contraire; mais justement, si le ramadan dure tout un mois, peut-être est-ce pour permettre de développer certains réflexes et d'ancrer fermement certaines valeurs, qui à force de répétition, deviendront des acquis.

C’est un combat, véritablement, à mener contre l'ennemi juré de tous les croyants, le diable pour ne pas le nommer : se poser pendant de longs moments pour s'adonner à des actes de dévotions (ça peut ne pas toujours être évident),  entamer une cure diététique après plusieurs mois de bombance (j'exagère à peine), s'abstenir de certains faits et gestes prohibés par la religion, en  cette période, et celle d'après aussi d'ailleurs (cela également peut ne pas être évident, mes consœurs femmes ne me démentiront pas, interdites par exemple de commérage, de médisances et autres calomnies, quand la langue démange furieusement, et obligées de troquer les "mini-vêtements" contre d'autres plus décents, et caetera, et caetera...).

En tout cas, une amie (dont je tairai le précieux nom mais qui se reconnaîtra),  m’a avoué qu'il lui est arrivé, à quelques jours du début du ramadan, de s'inquiéter (une inquiétude passagère, à ses dires) par rapport à ses aptitudes à cumuler activités professionnellessoif, faim et chaleur. Tout de même, la retardataire incorrigible qu’elle est s’est félicitée d'au moins une chose: durant le ramadan, elle comptabilise moins de retards au boulot, car obligée de se lever plus tôt que d’habitude, pour casser la croûte et faire le plein de forces, en prévision de la journée de diète prochaine qui la traumatise tant.

© 2012takianafissatoufall

Bonne et heureuse année 2021

  GRATITUDE d'être là, ici et maintenant, à accueillir 2021... Merci Seigneur, pour le souffle qui coule en nous, quand d'autres l&#...