19 juin 2011

Présentation des ouvrages par Aicha Ly

Penda LY, Professeur de Français, présente :

L’écrivain Takia Nafissatou Fall,

Mes joies de vie, Paris, L’Harmattan, 2010.

Comme un ciel d’hivernage, Dakar, l’Harmattan, 2011.


CEREMONIE DE DEDICACE
Centre culturel Blaise Senghor,
Dakar, le 18 juin 2011.

Mesdames,
Messieurs,
   C’est un honneur et un grand privilège pour moi, aujourd’hui, de présenter l’écrivain Takia Nafissatou Fall et ses livres. Ce privilège est d’autant plus grand  qu’elle aurait pu solliciter le concours de spécialistes en la matière : d’éminents Professeurs, des écrivains confirmés, connus et reconnus. La présence du Président Alioune Badara BEYE et celle du Directeur Racine SENGHOR, dans cette salle, en est la confirmation. Merci donc Takia pour cette marque de confiance. 
Qui est Takia Nafissatou Fall?
   Eh bien…. Pour moi, elle est une amie, une sœur ; « une fleur spéciale dans mon jardin ». Pour vous, elle est la fille, la petite fille, la mère, la sœur, la compagne, la complice, la collègue, l’amie, peut être la voisine….  Aujourd’hui, pour nous tous réunis : poète et romancière.
   L’écrivainTakia  Nafissatou  Fall CARVALHO est née le 03 mai 1977 à Dakar ; mariée elle est la mère d’un  enfant. Titulaire du Baccalauréat (Série A3) en 1994, elle quitte le Lycée Thierno Seydou Nourou Tall de  Dakar et s’inscrit à l’Unité de Formation et de Recherche de Sciences juridiques et politiques de l’Université Gaston Berger, à Saint Louis où elle décroche une  Maîtrise de Sciences Juridiques, Spécialité droit des collectivités locales, en1998.
En  2000, l’Université de Limoges lui décerne un Diplôme de Troisième Cycle en Droit international de l’environnement, grâce à une Formation à distance (Programme Université par Satellite UNISAT de l’AUPELF-UREF).
En 2002, elle obtient un  Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) en sciences de l’environnement à l’Institut des Sciences de l’Environnement, Faculté des Sciences et Techniques, Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
En Février 2005, elle est Diplômée de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) Option Administration Générale.
Pour ce qui est de l’expérience professionnelle :
       De novembre 2001  à février 2003 Madame FALL est Contractuelle (juriste) à la Direction de l’Environnement et des Etablissements Classés, Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature, Dakar ;
       De juin 2005 à avril 2008, Administrateur civil, elle occupe le poste de  conseiller technique du Directeur de l’Environnement et des Etablissements Classés ;
        Et depuis avril 2008, elle est Chef du Bureau de la Coordination et du Suivi, en service à la Direction Centrale des Marchés Publics, Ministère de l’Economie et des Finances.
Depuis quelques temps, écrivain, elle est l’auteur de:
-  Recueil de poèmes : Mes joies de Vie, juin 2010.
-  Roman : Comme un ciel d’hivernage, février 2011.
Takia est alchimiste et amoureuse des mots et de la littérature…
C’est un écrivain qui dit oui ! Oui à la vie ; oui au bonheur ; oui à l’amour ; oui à l’amitié ; oui à la famille ; oui à la solidarité ; oui à l’écriture, à la poésie, au roman!

Qu’en est-il de la poésie ?
   Mes joies de vie est un recueil de poèmes très variés de formes et d’inspiration. Il est composé de trois parties dont la première « Perles d’eau douce » évoque l’amitié, l’amour, l’enfance, le développement de l’Afrique et la paix dans le monde. Il contient vingt trois(23) poèmes aux titres très évocateurs comme : « L’instant présent », « Ballade à travers la poésie », « L’amitié », « Recommencer la vie », « Flamme ravivée »...
   « L’extasiée », deuxième partie, chante les louanges du prophète Mohamed (SAW) et constitue, à travers quinze (15) poèmes, une déclaration d’amour et de confiance envers le Saint homme.
   La troisième et dernière partie est une célébration de la Gloire d’Allah. Constituée de dix (10) poèmes, elle est titrée « L’agenouillée ».  Combinée à la deuxième partie, elle révèle la dimension spirituelle de l’écrivain…
   Ce recueil évoque l’espoir, la paix, la foi, la vie et enchante le lecteur grâce à un mélange bien senti de formes aussi diverses que le haïku, le sonnet, l’acrostiche, le verset et le vers libre. C’est dire combien le style de la poétesse est varié et vivant. Son poème touche le lecteur par sa musicalité, par son rythme mais aussi par ses messages très porteurs d’espoir.
   Mes joies de vie c’est aussi quelques notes de tristesse pour manifester la compassion et la désolation face à des situations irréversibles tels la pédophilie, l’assassinat… pas pour nous rendre triste, juste par souci de réalisme.
   Les deux faces de la vie y sont donc présentes : joie et peine ; avec une nette prédilection pour la culture du bonheur. Car, pour le poète Takia, si la peine fait parti de l’existence, l’homme doit rechercher à bien supporter la vie.
(Lecture extrait : «Ondes positives », p41.)

Qu’en est-il du roman ?
   Comme un ciel d’hivernage est ce qu’on peut appeler une fresque de la société sénégalaise contemporaine qui n’a rien à envier au roman réaliste du XIXe siècle. Le lecteur des siècles à venir comprendra facilement la société qui a inspirée l’écriture de ce roman. Dans un style sans aucune recherche, avec une grande simplicité, accessible à toute catégorie de lecteur, l’auteur promène son personnage d’un espace à un autre (monde ambiant/prison), d’une situation à une autre (épanouissement/précarité), d’un état d’esprit à un autre (naïveté/prise de conscience) et profite de ce cheminement pour représenter les mœurs (maraboutage, arrivisme, hypocrisie, dislocation de la cellule familiale, immigration clandestine, exploitation de la souffrance et de la naïveté humaine, Associations suspectes, enrichissement illicite…), les analyser, les critiquer et proposer une nouvelle philosophie de vie. Le personnage de Taybatou  NDIAYE est ce qu’on peut appeler une héroïne picaresque. Elle se déplace, va d’aventure en aventure et se retrouve au cœur de  plusieurs tragédies, avant de trouver sa voie.
Résumé : Taybatou NDIAYE, vingt ans, étudiante, épouse Moustapha DIENE, expert comptable qui la couvre d’amour et de cadeaux. Elle adopte les amis de ce dernier et mène une vie de bourgeoise. Après le suicide de son mari, elle découvre qu’il a détourné les deniers de la société où il travaillait : la Mercatecnic et qu’il appartenait à un vaste réseau de trafic de drogue. Atterrée, Tayba se retrouve seule contre tous avec son fils ; tour à tour chassée de sa maison : Coin Eden par sa belle famille (qui ne l’a jamais supportée) et de chez yaye Aida, sa mère. Ses « amies » de la haute société l’abandonnent ; elle se tourne vers son ami d’enfance, sa meilleure amie, restée fidèle malgré la « transformation » que l’argent avait causée en Tayba. Soukeyna l’accueille chez elle, la soutient et l’encourage à se reconstruire, à reconstruire sa vie.
C’est alors que Tayba découvre grâce à Internet « L’Association Nouveau Luminaire pour l’Humanité» dont le but est de «  restaurer la justice et  la dignité tout en prônant l’amour du prochain, la solidarité, la laïcité, la purification de la terre, la liberté de religion, de pensée et d’expression »... Elle retrouve son enthousiasme et surtout l’espoir ; elle est nommée Assistante du Président de l’Association, Amouldine.  Elle réalisera, trop tard que celui qu’elle  considérait comme son sauveur est en réalité un homme sans scrupule, qui profite de la détresse des gens ; un manipulateur dont elle est l’une des innombrables victimes. Son fils Issa ainsi qu’une centaine d’autres jeunes trouvent la mort en tentant de se « rendre clandestinement en Europe, à bord d’une pirogue. » Taybatou découvre que c’est Amouldine qui a encouragé et financé ce voyage macabre. Choquée, aveuglée par la haine et la souffrance, elle assassine Amouldine et se retrouve en prison.
Veuve, paria, mère privée de son unique enfant, meurtrière, en vie malgré tout sous ce ciel d’hivernage, elle ouvre un journal intime qui lui offre l’ occasion de méditer sur sa vie, la vie, le destin, la société et les problèmes de son temps : drogue, détournement de deniers, gaspillage, solidarité, problèmes environnementaux, la croyance aux marabouts, l’amitié… Elle médite aussi sur  la religion et les différentes voies à suivre…
Elle réalise alors la responsabilité de la société dans toute déchéance ; elle se rend compte de l’hypocrisie et du rôle que joue la famille dans toute chute, dans tout échec ; elle réalise que suivre le chemin indiqué par la religion et cultiver l’amour pour l’humanité sont des portes de sortie ; elle s’accroche alors à ces réponses et choisit sa propre route.
Ayant bénéficié d’une grâce présidentielle, elle se reconvertit dans la protection de l’environnement. A quarante ans, elle a acquis la sagesse et la foi en prison ; elle a retrouvé l’espoir qu’elle prône et elle sème l’amour autour d’elle.

   Ainsi deux parties coexistent dans ce roman : deux histoires. La première : racontée par un narrateur met en scène le  personnage, son évolution dans le milieu familial et social, ses déplacements dans les différents espaces de la ville (Cardaville, capitale de Coralia) ainsi que ses expériences de la vie… La seconde partie est constituée d’extraits du journal intime de Taybatou qui se trouve en prison. Sous le ton de la confidence, de la confession, elle livre le résultat d’une exploration qu’elle effectue sur sa propre conscience.
   Le roman est donc celui d’une quête : une quête de soi même, une quête de réponses, une quête d’une voie spirituelle qui aboutit au repentir, à la réconciliation avec soi,  à la renaissance ; grâce à l’écriture. La fin de l’écriture du journal coïncide avec la fin de la quête mais aussi avec celle du roman.
   L’originalité du roman réside dans le mélange des genres tout comme dans la dichotomie des espaces et celui des  thèmes. Liberté et réclusion s’y opposent comme le bien et le mal s’y opposent, comme s’y opposent la joie à la tristesse ou encore l’expérience spirituelle et la vie temporelle.
(Lecture extrait, p.79.)










Qu’en est-il des titres ?
   Titres très parlant, promesses de rêve et d’imagination qui concordent avec leur contenu, contrairement à de très beaux titres dont le contenu laisse à désirer.
   Titres complémentaires aussi : le mystère est connoté par le ciel d’hivernage, imprévu, imprévisible, probable, mais qui laisse place à l’espoir, à la beauté, à la verdure…
  La joie, le bonheur, c’est ce que nous recherchons sans être certain de les trouver. Trouvés nous avons peur de les perdre ; les livres nous suggèrent où les trouver et comment les entretenir… Des conseils pouvant aider chacun dans la gestion de sa vie, de ses relations, de sa spiritualité…
Le livre fait donc sa propre publicité…
Qu’en est-il des premières pages ?
   « L’instant présent », p.14, Mes joies de vie, nous fait goûter aux joies du moment, au cadeau que constitue la vie et nous ramène à l’ici et maintenant ; car, pour le poète Takia, la vraie vie, c’est aujourd’hui ; le bonheur se trouve dans de petits rien, partout. C’est une nouvelle philosophie qui s’en dégage, une révélation, une nouvelle religion…    
  « La note de l’auteur »p.p.13-15, Comme un ciel d’hivernage, nous donne un avant goût très encourageant où se perçoit l’esprit positif de la romancière qui déclare (je cite) «  même si cela n’est pas facile tous les jours, j’essaie de cultiver en moi une âme positive. » Donc, il faut tirer les leçons qui s’imposent et aller de l’avant ; considérer chaque situation difficile comme une manifestation du ciel d’hivernage et voir le bon côté qui s’en dégage…
   Dès le premier chapitre, un mariage est annoncé ; promesse de joie, de vie, de naissance, d’incertitude, d’inconnu, d’espoir et de défis à relever ; sans cesse…
La vie du personnage comme toute vie, en somme, est une série de gageures…
Qu’en est-il des dernières pages ?
   Le recueil se termine par un poème d’allégeance à Dieu le Tout Puissant ; le roman se ferme sur une pensée pieuse, un retour à Dieu et un espoir en l’avenir.
Takia est-elle un écrivain engagé ?
Oui ! Sans aucun doute !
   A travers une analyse lucide des réalités de son temps, elle dénonce les problèmes auxquels celui-ci est confronté ; en particulier, la jeunesse sénégalaise. Défenseur des droits de l’enfant, elle met en garde contre les Associations, elle dénonce le gaspillage dans les cérémonies familiales, elle condamne l’arrivisme et s’insurge contre l’immigration clandestine, contre le trafic de drogue et contre toute forme d’abus et de détournement. A l’inverse, elle met en avant des valeurs telle que l’amitié, la tolérance, la mesure, le pardon, l’endurance ; valeurs non monnayables. Elle s’érige en protectrice de l’environnement, à l’ère du dérèglement climatique et de la menace de disparition d’espèces et d’éléments naturels vitaux. Elle prône la reconstruction et l’unité africaines. Engagée, patriote et foncièrement positive _ elle nous le communique d’ailleurs_ telle est l’écrivain Takia Nafissatou Fall.
Ce que j’ai apprécié      
·        Le recueil :
-     Variété des formes
-     Richesse des thèmes
-     Originalité et audace du style
-     Simplicité de la langue
-     Sonorités et images…


·        Le roman :
-     Simplicité de l’histoire et de l’expression
-     Originalité des noms/propre et des lieux (Amouldine, Coralia, Cité des Acajous, Cité des Cocotiers, Allée des Citronnelles…)
-     Diversité et subtilité thématique
-     Interférence linguistique
-     « Wolofisation » du français («lavage des mains, « aujourd’hui, c’est aujourd’hui », « jeune fille » : bonne, « la vie a de longues jambes »…
-     Exploration à travers l’écriture d’un journal
-     Sérénité du personnage à la fin…
-     Humanisme de l’auteur, en filigrane
Ce que j’ai tiré :
-     La persévérance, l’amour, la sincérité et la foi comme codes de conduite
-     L’attention et la vigilance pour limiter les dommages à chaque fois que c’est possible
-    

   Je terminerai en  te souhaitant Madame Fall une longue vie et une très belle carrière d’écrivain. Tu as manifestement beaucoup de talent, ma chère Takia. Héritière de grandes voix de la littérature africaine francophone (Annette Mbaye D’Erneville, Mariama BA, Amininata Sow FALL, Miryam W. Vieyra, AssiaDjebar…), tu as capitalisé et repris des thèmes classiques que tu as su approfondir et adapter à l’actualité.
   Tes livres apportent des réponses à nos interrogations sur notre quotidien et ils ouvrent les portes de la vie, aussi bien au travailleur stressé, à la mère qui plie sous le poids des responsabilités familiales et sociales, au père qui court à gauche et à droite en quête de pitance pour sa progéniture qui espère tous les jours manger à sa faim, à l’étudiant, à l’élève, à une jeunesse désœuvrée  en proie aux mirages et aux promesses de charlatans avides de gain (de toute nature) .
Cher public, nous avons donc entre nos mains
-     Un recueil de poèmes empreint d’humanisme 
-     Un roman très actuel et engagé
-     Un écrivain à l’écoute de soi et des autres
-     Des recommandations et des suggestions
-     Des questions résolues
-     Des joies de vie sous un ciel d’hivernage !!!

Je vous remercie de votre aimable attention !

Centre culturel Blaise Senghor,

Dakar, le 18 juin 2011.

CEREMONIE DE DEDICACES


 Un grand merci à tous ceux qui ont fait le déplacement et m'ont témoigné leur soutien : famille, ami(e)s, collègues, sympathisants. Merci du fond du coeur...










Le moins que je puisse dire, c'est que la fête fut belle. C'était le samedi 18 juin 2011, au Centre Culturel Blaise Senghor de Dakar.




















Abdoulaye Diallo, Directeur des Editions Harmattan Sénégal; Racine Senghor, Directeur des Arts; Alioune Badara Bèye, Président de l'Association des Ecrivains du Sénégal















Aicha Ly, professeur de Lettres modernes, présentant le livre : Une présentation magistrale!














Encore une fois, grand merci à tous ceux et toutes celles qui m'ont fait l'honneur d'être présent(e)s. Par respect pour le droit à l'image, je n'ai pas mis les photos du public (- ^)

Bonne et heureuse année 2021

  GRATITUDE d'être là, ici et maintenant, à accueillir 2021... Merci Seigneur, pour le souffle qui coule en nous, quand d'autres l&#...